Coups de soleil chez le cheval : comment les reconnaître, les soigner mais surtout les prévenir !
Il y a l’été, le beau temps et... les coups de soleil ! Ils sont loin d’être une partie de plaisir : toute personne qui s’est exposée un peu trop longtemps sur la plage sans avoir bien protégé sa peau en sait quelque chose. Nous, les humains, pensons parfois que nous sommes les seuls à pouvoir en être atteint ; mais non, nos amis équidés le peuvent aussi, et ce, malgré leur pelage. Leurs nez écaillés et roses en sont une preuve certaine ! Alors que faut-il savoir sur les coups de soleil chez le cheval ? Quelles en sont les causes ? Tout d’abord, comment les reconnaître : sont-ils visuellement identiques aux coups de soleil des humains ? Que faire quand votre cheval a un coup de soleil ? Quels sont les traitements ? Nous finirons par un panorama des possibilités de prévention. Nous vous souhaitons une très bonne lecture !
Les chevaux attrapent-ils aussi des coups de soleil ?
Alors que de nombreux cavaliers se mettent de la crème solaire lorsqu’ils partent en randonnée équestre par un fort soleil, ils ont tendance à sous-estimer ce même risque dû aux coups de soleil chez leur compagnon équidé. Après tout, les chevaux ont un pelage : la nature a bien dû prévoir la chose, non ? Malheureusement, leurs poils n'offrent pas toujours un niveau de protection suffisant contre les rayons UV-A et UV-B. Que sont les UV-B, me direz-vous ? Ce sont les rayons à ondes courtes responsables chez l'homme du bronzage ; ils sont par ailleurs importants pour la formation de la vitamine D. En revanche, chez le cheval, la majorité des coups de soleil de nos chers quadrupèdes leur sont imputables !
Il y a aussi les rayons UV-A : ce sont des ondes longues atteignant les couches plus profondes de la peau, précisément jusqu'au derme. Ils sont quant à eux impliqués dans la formation des coups de soleil, et peuvent de plus favoriser un cancer de la peau.
Quelles sont les causes des coups de soleil chez le cheval ?
Les coups de soleil se manifestent, comme vous le savez, après une exposition trop longue au soleil. Mais certains facteurs accroissent les risques de coup de soleil : nous allons parler de la photosensibilisation.
Gare à la photosensibilisation
Certaines plantes augmentent le risque de coup de soleil chez un cheval. Nos chers compagnons étant des herbivores exclusifs, il faut faire attention au type de plantes qu’ils ingèrent : par exemple, la luzerne, le sarrasin ou encore le millepertuis contiennent des substances photosensibilisantes qui peuvent rendre sa peau plus sensible au soleil : on parle alors de photosensibilité. Elle ne concerne pas tous les chevaux ; certains n’y sont pas sujets, mais chez les chevaux sensibles, cette dernière peut entraîner une photo-dermatite primaire : cette maladie de la peau est soit déclenchée par la lumière par l'ingestion ou l'injection d'une substance photo-sensibilisante, soit par absorption directe de cette dernière par la peau. Dans les cas sévères, elle peut même affecter les zones plus foncées de la peau.
Un cheval peut également souffrir d’une photo-dermatite secondaire, métabolique cette fois-ci : une substance photosensibilisante s’accumule alors dans son plasma, son foie n’étant plus en mesure de décomposer un produit de dégradation de la chlorophylle. Dans ce cas particulier, cette substance surdosée provoque elle aussi une sensibilité accrue aux coups de soleil. Les plantes qui entraînent cette forme métabolique sont les renoncules, les séneçons et le trèfle hybride. Toutefois, pour en avoir le cœur net, vous pouvez faire tester votre cheval afin de vérifier si ses valeurs hépatiques sont normales.
Faites donc attention au régime alimentaire de votre cheval et soyez vigilant à bien exclure de son alimentation les plantes à risque.
Quels sont les types de chevaux les plus touchés ?
Nombreux sont les propriétaires de chevaux qui pensent que seuls les chevaux blancs ou de couleur claire sont des sujets à risque. Mais c’est faux ! Sous leur pelage, une part importante des équidés à la robe claire ou grise présente en réalité une peau sombre, presque noire, qui absorbe les rayons du soleil et filtre les rayons UV dangereux. Ainsi les chevaux à la robe claire, grise, ou tachetée sont autant à risque que leurs collègues à la robe noire, alezans ou bais. Et là où poulains ils présentaient des tâches, plus tard, une fois adultes, ces chevaux présenteront à ces endroits spécifiques une peau de couleur rose sous le pelage, qui est elle particulièrement à risque pour les coups de soleil.
Les chevaux blancs ou clairs aux yeux bleus sont souvent appelés albinos dans le langage courant. Mais ce type de chevaux est appelé en langage spécialisé Cremello, Perlino ou Smokey Cream. L’appellation Albinos n’est rien de plus qu’un terme appliqué à l’espèce humaine qui a été repris à tort pour les chevaux ! C’est le gène Crème qui est responsable de l’apparence de ce type de chevaux, par un double héritage. Et ces chevaux sont en effet particulièrement sensibles aux coups de soleil !
Comment reconnaître un coup de soleil chez le cheval ?
Vous vous demandez comment identifier un coup de soleil chez votre animal ? Voici une description des symptômes les plus courants.
Les symptômes classiques
Lors d’un coup de soleil, la peau du cheval ne devient pas rouge vif comme les humains, mais a tendance à gonfler et est douloureuse. Cela ressemble à de la gale de boue que vous connaissez peut-être en hiver. Apparaissent alors des croûtes, qui, si elles sont enlevées, laissent des zones de peau suintantes, qui cicatrisent mal. Dans les cas plus graves, vous observerez la formation de petites cloques. Si, par inadvertance, vous n’avez pas remarqué les coups de soleil de votre cheval, et continuez à l’exposer au soleil, alors les zones touchées vont s’étendre et s'enflammer. Ses membres peuvent même devenir de vrais poteaux et les croûtes de véritables plaies, qui pourront entraîner une boiterie.
Selon la sensibilité de sa peau, l'intensité du rayonnement solaire et la durée d’exposition au soleil, la brûlure de sa peau peut être plus ou moins grave. Dans le cas d'une dermatite solaire (coup de soleil), à la différence d'une brûlure thermique causée par une chaleur intense, un érythème va se former, en général après 3 à 5 heures. Il atteint en général son maximum après 12 à 24 heures.
Faites attention à l’eau lors des baignades entre autres : elle agit comme un facteur accentuant le risque de coups de soleil. Soyez attentif aux premiers signes : en réagissant vite, vous vous éviterez une vraie galère.
3 niveaux de gravité
Voici ci-dessous une classification des coups de soleil selon leur gravité. On peut les classer en trois catégories distinctes :
1er degré : coup de soleil superficiel avec légère rougeur cutanée et douleur.
2ème degré : coup de soleil important avec forte rougeur, formation de cloques, inflammation possible par des bactéries, douleur intense.
3ème degré : coup de soleil grave avec destruction voire détachement de la peau sur une surface étendue, possibilité de réaction inflammatoire majeure avec infection bactérienne secondaire et fièvre. Douleur sévère.
Sur quelles zones corporelles apparaissent-ils le plus fréquemment ?
Protégez les zones citées ci-dessus du soleil au maximum et surveillez les bien car le risque de coup de soleil y est plus élevé qu'ailleurs.
Coup de soleil chez le cheval : que faire ?
Les premières mesures à prendre
La première action à prendre est une simple règle de bon sens : mettez votre cheval à l’ombre. Cette mesure semble basique, et pourtant nombre de propriétaires laissent leur cheval atteint de coup de soleil dans un endroit non abrité au pré sous un soleil de plomb…
Ensuite, il s’agit de refroidir les zones touchées avec des chiffons humides et de l’eau froide. Cependant, attention, n’utilisez ni eau gelée ni poche de glace !
De plus, les besoins en eau du cheval ont tendance à être plus importants en cas d’atteinte par des coups de soleil. Particulièrement si votre compagnon est touché au niveau du museau, la douleur est telle qu’il peut avoir du mal à s’approvisionner en eau : dans de telles conditions, n’hésitez pas à lui donner à boire directement dans une bassine ou un seau, le temps que la douleur diminue.
De plus, s’il est atteint au niveau du museau, les tiges de foin ou de paille, relativement dures, peuvent lui poser des difficultés pour s’alimenter. Dans ce cas, essayez de choisir un type plus tendre et mou, ou bien optez pour des granulés de foin trempés ; vous verrez, cela sera plus simple pour lui !
Comment soigner un coup de soleil chez le cheval ?
Nettoyer et sécher
Une fois que vous avez refroidi les zones de peau touchées, il convient alors de nettoyer les membres au savon doux antiseptique (les coups de soleil sont souvent à ce niveau), en faisant bien mousser le produit et en le laissant agir un certain temps. Ensuite, lavez-les à l’eau claire puis séchez chaque zone de manière individuelle : idéalement avec de vieilles serviettes propres pour bien séparer chaque zone touchée (il y a 4 paturons et 4 fois deux côtés de boulets ou membres) . De cette façon, vous éviterez de propager une infection bactérienne d’une zone à l’autre, et accélèrerez la guérison. N’arrachez surtout pas les croûtes : si elles tombent d’elles-même, très bien, mais ne forcez pas le mouvement ; tapotez doucement la zone sensible pour la sécher. Ensuite, appliquez une crème régénératrice ou un produit de soin sur la zone touchée.
Appliquer une crème régénératrice
Le but est ici de favoriser la régénération de la peau. À cet effet, évitez tout type de crème ou de préparation contenant des graisses : en effet, celles-ci peuvent entraver la dissipation de la sensation de chaleur de la peau brûlée, voire intensifier d’éventuelles réactions inflammatoires. En cas de zone atteinte de façon limitée, présentant de petites croûtes, vous pouvez utiliser une crème protectrice et hydratante qui soit aussi cicatrisante. Dans les cas un tant soit plus sérieux, vous pouvez appliquer du Predniderm, une crème qui est à la fois anti-inflammatoire et antibiotique : elle agit comme un traitement de soutien des plaies superficielles, et aide à favoriser la fonction protectrice naturelle de la peau. Et dans les cas bien plus sérieux, en présence de croûtes volumineuses, d’une infection plus étendue ou bien si les membres ressemblent à de vrais poteaux, il faudra consulter votre vétérinaire et lui demander conseil. Il existe certaines crèmes plus puissantes, uniquement prescrites sur ordonnance comme Sulmidol ou Mastijet, plus adaptées aux cas plus lourds.
Comment prévenir les coups de soleil chez le cheval ?
Rester dans un endroit ombragé
La façon la plus simple de prévenir les coups de soleil chez votre cheval est tout simplement de ne pas l’y exposer ! Pour ce faire, prévoyez toujours quelques zones ombragées dans le pré : une rangée d’arbres ou bien un petit abri où il pourra se protéger des rayons du soleil. Dans le cas contraire, prévoyez des promenades de courte durée au paddock, idéalement le matin ou le soir : ainsi, il ne sera pas exposé aux heures d’ensoleillement les plus fortes… Certains choisissent même de laisser leur chevaux à l’écurie pendant la journée, et de les sortir la nuit.
En outre, une promenade en forêt est une bonne idée pour échapper à un soleil de plomb et s’offrir un peu de fraîcheur, tant pour le cavalier que pour sa monture.
La crème solaire
Pour un niveau de protection plus élevé, vous pouvez lui administrer, sur les zones à risque, de la crème solaire spécialement conçue pour les chevaux. Attention dans tous les cas à bien choisir une crème solaire qui soit exempte de graisse (et qui pourrait coller sur son pelage), sans parfum (un cheval a le nez sensible ; une odeur incommodante pourrait être problématique pour lui) et sans conservateurs. Certains choisissent même une crème solaire pour enfant. Toutefois, une seule application avant la sortie au paddock n’est généralement pas suffisante : plusieurs applications quotidiennes sur les zones claires ou à la peau rose s’imposent pour obtenir une protection suffisante ; privilégiez pour ce faire une crème solaire d’indice minimum 30. Alors oui, cela a un certain coût, mais il en va de la santé de votre cheval ! Notre conseil : faites attention à bien regarder le prix au litre afin de ne pas vous ruiner !
Le masque anti-mouche, la couverture anti-UV et autres protections
Certains équipements supplémentaires peuvent aussi vous faciliter la vie !
Des masques de protection peuvent être utiles pour protéger les naseaux et la zone autour de la bouche lors d’une promenade en grande partie hors des bois. Il existe de même des fly masks (masques anti-mouches) et anti-UV incluant un protège-nez très efficaces et qui offrent une protection complète de la tête du cheval ; certains ont même un filet naseaux intégré offrant une protection anti-UV depuis le haut de son nez jusqu’au bout de ses oreilles.
Et si vous voulez une protection corporelle intégrale pour un cheval à la peau sensible ou peu pigmentée, vous pouvez opter pour une chemise ou couverture anti-UV qui protège l’ensemble du corps de l’animal, de la tête à la queue. Ces toiles solaires sont en général assez légères, de couleur pâle et sont conçues de telle façon que l’animal ne sue pas de manière disproportionnée sous un soleil de plomb...
Enfin, il existe aussi des protège sabots en néoprène qui protègent le pli du paturon contre les brûlures, la crème solaire ne tenant pas bien à cet endroit.
Conclusion
Soyez vigilant, car une fois votre cheval atteint, il est très difficile de lui guérir ses coups de soleil. Le conseil est donc, autant que possible, de bien respecter les différentes mesures de prévention que nous avons préconisées dans cet article... Croyez-nous, votre cheval s'en réjouira ! Un autre conseil : attention aux plantes pouvant entraîner de la photosensibilisation. Surveillez donc bien le régime alimentaire de votre cheval afin de limiter les risques liés à une sensibilité accrue aux coups de soleil. Néanmoins, n’oubliez pas l’essentiel : profitez autant que possible des randonnées à cheval cet été, tout en restant vigilant à bien adapter les lieux et heures de promenade en fonction de l’ensoleillement et de la chaleur ambiante.