Poulain : du lait maternel et du premier crottin à la vermifugation et à la vaccination
Dans la nature, le poulain qui vient de naître est une proie facile pour nombre de prédateurs : le temps lui est compté pour se lever, aller téter et réussir à se déplacer de façon autonome. À l’état sauvage, le jeune cheval devra par ailleurs rapidement acquérir suffisamment de force pour suivre le troupeau et surtout pour survivre à son premier hiver… Nous allons parler ici du poulain nouveau-né, depuis le poulinage, de l’acquisition des premiers réflexes, expliquer le rôle du lait maternel ou encore aborder la vermifugation et la vaccination. Bonne lecture !
Mise bas du poulain : le poulinage
Le poids du poulain à la naissance
Assister au poulinage de sa jument et être présent lors la venue au monde du poulain, c’est toujours quelque chose de spécial, de magique. C’est vraiment incroyable : le poulain arrive sur terre avec un poids déjà compris entre 30 et 60 kilos ! Cela après une gestation dans le ventre de sa maman d’une durée de 321 à 365 jours, soit de 11 mois en moyenne.
Avant, pendant et après le poulinage
Quelques semaines avant le poulinage, la jument est placée dans un box séparé, de façon à ce qu’elle ait suffisamment de place et de quiétude pour se préparer dans de bonnes conditions à la naissance à venir.
Le poulinage en lui-même n’est pas long : il ne dure qu’une demi-heure en moyenne. Souvent, la naissance du poulain a lieu durant la nuit. Après la mise bas, la maman et son petit seront encore reliés par le cordon ombilical. La jument et son poulain vont se reposer peu après.
Le nouveau-né : réflexes initiaux et déplacements
Les réflexes de redressement, succion et têtement
Les premiers réflexes de redressement apparaissent dans les 5 premières minutes après la naissance.
Le réflexe de succion apparaît quant à lui au bout de 20 minutes. Tout nouveau-né qu’il est, le poulain va réussir à se lever dans les deux heures après sa mise bas, souvent au bout de 30 minutes seulement. En effet, ses poumons ont besoin de mouvement pour leur bon développement mais surtout, le jeune cheval a déjà besoin de prendre des forces en tétant le lait maternel si riche en nutriments.
Avant que trois heures ne se soient écoulées, le poulain aura déjà tété. Comme nous le verrons dans le paragraphe suivant au sujet du colostrum, il en va de sa survie !
De l'importance de se mettre sur ses pattes
Si le poulain ne parvient pas à se mettre debout tout seul, il va rapidement perdre ses forces, ce qui peut mettre sa vie en danger. Ainsi, instinctivement, sa maman jument va l’encourager à se redresser sur ses jambes encore tremblantes ; en cas d’urgence, le vétérinaire l’y aidera. Après s’être levé, le poulain doit normalement commencer à se déplacer tout seul. Ses mouvements ne sont certes pas très harmonieux au début, et il aura tendance à ne pas trop s’éloigner de sa mère.
Le premier lait maternel du poulain : le colostrum
Riche en éléments nutritifs et en vitamines pour la croissance
Le poulain va pouvoir enfin têter, pour la première fois, le lait maternel. Ce premier lait faisant suite à la mise bas de la jument est appelé colostrum, comme chez nous les humains. Sa composition en éléments nutritifs et en vitamines est tout simplement idéale pour l’alimentation des jeunes chevaux et un début de vie aussi sain que possible. Dans les premières semaines de sa vie, le jeune cheval va boire ce colostrum environ toutes les demi-heures, et son poids va augmenter rapidement.
Essentiel pour l’immunité du poulain
L’intestin du poulain est perméable au passage des anticorps pendant ses premières 24 heures : parfaitement les douze premières heures, puis de moins en moins dans les heures qui suivent, pour ne plus être du tout perméable après 24 heures. Ainsi se produit le transfert de l’immunité de la jument à son poulain, car le colostrum a la particularité d’être riche en anticorps. Par l’absorption de ce nectar immunitaire, le jeune cheval s'arme contre les maladies infectieuses.
Attention : si le poulain rate le coche et n’acquiert pas une bonne immunité à ce stade, il aura une chance sur deux de tomber malade et dès lors une chance sur quatre d’en mourir.
En cas de colostrum maternel de mauvaise qualité
Malheureusement, toutes les juments ne produisent pas un colostrum de bonne qualité. Il vous est cependant possible de contrôler à l’aide d’un colotest la teneur du colostrum en anticorps. Si le test s’avère négatif ou insuffisant, il faudra donner au poulain soit du colostrum congelé que vous avez en stock, provenant d’une autre jument (congélation du colostrum à - 20° et décongélation à 40 degrés maximum pour ne pas détruire les précieux anticorps) soit un colostrum reconstitué, que vous pouvez trouver dans les cabinets vétérinaires, en flacon avec une tétine.
Le premier crottin du poulain
Peu après la première tétée, le poulain va déféquer son premier crottin. De manière générale, vous devez constater l’expulsion du méconium, ces premières selles du poulain, dans les 4 heures qui suivent la mise bas. Elles ont l’apparence d’une pâte de couleur marron jaunâtre. Il faut éviter le cas de rétention du méconium, et pour ce faire, le meilleur laxatif que la nature ait créé reste le colostrum !
Notez par ailleurs qu’il existe des risques de coliques chez le poulain dans les 12 à 24 heures suivant la mise bas.
Quand vermifuger un poulain ?
Les poulains viennent au monde sans parasites intestinaux, mais y sont confrontés dès leurs premiers pas. L’immunité vis à vis de ces organismes étrangers se mettant en place progressivement, les poulains y sont bien plus sensibles que les chevaux à l'âge adulte. Les parasites qui touchent le plus les poulains sont les petits strongles et les ascaris. En général, il est recommandé de vermifuger tôt votre poulain pour la première fois, dans une période comprise entre deux semaines et deux mois. Consultez votre vétérinaire pour les molécules à privilégier en fonction du type d’élevage et de la saison.
Quant à la jument, faites-la vacciner quelques jours avant le poulinage pour éviter qu’elle ne contamine son poulain dès ses premiers jours de vie.
Après quelques jours de repos pour la jument et son petit, le poulain pourra déjà aller au pâturage. Rappelez-vous néanmoins que la vermifugation n’a pas d’effet préventif et n’empêche pas la contamination. Ainsi, pour limiter les risques d’infestation, tenez-vous à certaines règles : nettoyez souvent les boxes de poulinage à l’eau chaude (température supérieure à 60 degrés) sous pression, poursuivez par une désinfection, et ramassez les crottins quotidiennement dans les boxes et de manière hebdomadaire au paddock.
Vaccination du poulain
Les sérums
Un sérum est bien différent d’un vaccin : il contient tous les anticorps nécessaires, directement disponibles et prêts à l’emploi en cas de besoin, sans que le corps n’ait besoin de les “fabriquer” au préalable, comme c’est le cas pour les vaccins.
Dès la naissance de votre poulain, vous avez la possibilité de lui administrer un sérum antitétanique, qui le protégera du tétanos (affection sévère chez les équidés) pendant une période deux mois environ, ainsi qu’un sérum trivalent qui offre quant à lui une protection plus large contre certains agents infectieux, grâce à l’apport d’anticorps contre certaines souches de Salmonelles, E. Coli ou Pasteurelles par exemple. Contactez votre vétérinaire pour avoir un avis éclairé sur la nécessité d’utiliser d’éventuels sérums.
Ves vaccins pour le poulain
Il est également conseillé de vacciner le poulain dès l’âge de 6 mois contre le tétanos et la grippe (ou dès ses deux mois si la poulinière n’est pas vaccinée), ainsi que contre la rhinopneumonie dès ses quatre mois. Il faut être patient avec les poulains car leur système immunitaire est immature…
Sevrage du poulain et alimentation
La séparation du poulain de sa maman
Le jeune cheval va s’entraîner à se déplacer, à trotter et, en contact avec d’autres chevaux, il va apprendre à se comporter socialement avec ses semblables. De plus, le poulain va rapidement s'intéresser à l’herbe en tant qu’aliment. En général, un poulain dans la nature est sevré du lait de sa mère vers l’âge d’un an, ceci sans l’intervention d’un quelconque éleveur. En revanche, dans les élevages de chevaux, la séparation se produit généralement entre l'âge de 3 mois à 6 mois. Il existe différentes manières de procéder pour ce sevrage : pour plus d’informations à ce sujet, reportez-vous directement sur l’article dédié au sevrage du poulain.
l'alimentation parfaite pour votre poulain
L’alimentation du poulain
Dans les premières semaines de sa vie, le poulain prend en moyenne 1,5 kilo par jour ! Dès l’âge de 2 semaines, il commence à s’intéresser à d’autres aliments que le lait maternel. Mais il convient de ne lui donner des aliments complémentaires au colostrum qu’à partir de deux mois. Dans les premiers mois, la priorité du poulain concerne le lait, l’herbe et le foin : il doit avoir accès à la pâture (en accompagnant sa mère dans les pâturages) et au foin en quantité illimitée. Il en va de même pour la jument qui a besoin d’une quantité de 1,5 kg de foin pour 100 kilos de poids corporel.
Le retrait du lait maternel, si riche en éléments nutritifs et en vitamines, génère un stress important pour le poulain ; il est donc recommandé de lui introduire avant la séparation, une nourriture qui lui donnera des repères pendant le sevrage. Pour combler son besoin en protéines, il aura besoin quotidiennement de 6 kg d’herbe ou de foin, ainsi que d’une source de remplacement des acides aminés essentiels comme la lysine et la méthionine contenus dans le lait maternel. Du 7ème au 12ème mois, un apport en calcium conséquent sera nécessaire. Pour être sûr de ne pas faire d’erreur, vous pouvez par exemple opter pour l’aliment Josera Poulain et juments qui procure tous les éléments nutritifs essentiels à la croissance et au développement du poulain.
Séparer les pouliches et les jeunes étalons
Durant l’élevage, les pouliches vont être séparées des jeunes étalons, de façon à éviter de vous retrouver avec une jument gestante bien plus tôt que vous ne l’auriez prévu. De plus, la jument doit être suffisamment développée pour que sa colonne vertébrale soit suffisamment solide pour supporter la saillie. Une jument atteint en moyenne une telle maturité physique vers l’âge de trois ans. Néanmoins, elle aura ses premières chaleurs dès l’âge de deux ans, tandis qu’un jeune étalon sera sexuellement mâture dès ses un an.
Débourrage du poulain
Des besoins spécifiques en fonction de chaque cheval
Vous allez décider du moment du débourrage (action d’amener le cheval entre autres à accepter une selle, un filet et un cavalier) de votre poulain en fonction de son caractère et de sa race. Globalement, l'âge moyen pour débourrer un poulain est d'environ trois ans. Sa structure osseuse est alors assez solide pour supporter à la fois une selle et un cavalier.
Une étape préliminaire au débourrage
Mais le débourrage doit être précédé d’une étape d'acclimatation : l'éleveur expérimenté saura décider quand commencer à mettre une selle sur le jeune cheval, afin qu'il s'habitue à ce nouvel accessoire inconnu. En outre, le cheval a besoin d'un entraînement spécial en guise de préparation au débourrage, pour travailler sa musculation et éviter une blessure s’il est soumis à une charge mal positionnée.
En fonction de la race du cheval
La race aide également à déterminer quand un cheval peut être monté. Les races de petits chevaux sont formées plus précocement que les races de grande taille. En outre, le tempérament du cheval joue un rôle déterminant. Les chevaux fiers et sauvages devront être habitués plus tôt au licol et aux autres accessoires de monte et harnachements. Si l'éleveur rate le bon moment pour démarrer ce travail, cela peut être compliqué par la suite à rattraper. En revanche, pour un cheval au tempérament très doux, il est possible d’attendre un peu plus longtemps avant de démarrer la sensibilisation.
Un rappel en guise de conclusion
Rappelez-vous qu’un poulain nouveau-né est particulièrement fragile et a besoin d’une attention de qualité, en particulier les premiers jours qui suivent le poulinage. En cas d’abattement du poulain, de retard à la tétée ou même de refus de téter, d’hypothermie, de coliques, de non expulsion du méconium, de boiterie, de déformations des membres ou de tous autres signaux d’alerte que vous pourriez constater, contactez un vétérinaire dans les plus brefs délais.