Lusitanien, le cheval portugais pour le dressage et l’équitation de travail
Le Lusitanien et l’Andalou sont tous deux originaires de la péninsule ibérique. À l'origine, on ne distinguait pas vraiment ces deux races ibériques, dont l’usage principal était orienté vers la tauromachie. De nos jours, le Lusitanien, cheval portugais au caractère fougueux et courageux est encore actif dans les arènes de corridas, tandis que l’Andalou a évolué vers un autre profil. Les capacités du Lusitano en font un cheval de dressage et de loisir magnifique, idéal pour le cavalier exigeant. Il dispose de talents de dressage uniques, qu'il aime montrer dans les compétitions et les spectacles. Nous allons décrire dans cet article le Lusitanien, en commençant par sa morphologie, son caractère et l'origine de la race, puis poursuivrons par la nutrition, l’entretien, les maladies inhérentes à la race, et finirons par quelques faits intéressants à connaître.
Aspect extérieur : un cheval de selle rapide, agile et moderne
Taille et morphologie
Le Lusitanien est un cheval court et compact, de poids et de taille moyenne : sa taille au garrot se situe généralement entre 155 cm et 165 cm, pour un poids d’environ 500 kg. On considère qu’à l'âge de six ans, un étalon lusitanien doit avoir une taille au garrot d'au moins 160 centimètres, tandis qu’une jument doit arriver au-dessus de 155 centimètres.
Sa morphologie est caractérisée par un corps typique au format “carré” et par des membres de longueur moyenne. Il a un aspect général arrondi et légèrement convexe, tant au niveau du profil de sa tête que de la forme de son cou, de sa croupe et de sa queue.
Caractéristiques physiques
On le reconnait facilement avec sa tête sèche, légèrement convexe, et son nez busqué prononcé. Il a de grands yeux vifs et expressifs, une mâchoire peu prononcée et des oreilles fines, mi-longues et minces. Son cou effilé est bien placé, de longueur moyenne, puissant et joliment musclé, ce qui passe particulièrement bien avec son physique baroque.
Ces chevaux portugais sont connus pour leur dos puissant, leur croupe ronde, puissante et leur joli cou musclé qui lui apportent cette touche d’élégance et de noblesse caractéristique. De plus, ils possèdent en général une bonne amplitude de mouvement et présentent le profil idéal d’un cheval de selle rapide, agile et moderne.
Couleurs du Lusitanien
Les couleurs de robe les plus courantes sont le brun et le gris dans tous les tons, mais on peut aussi trouver toutes les couleurs chez le Lusitanien, y compris celles des chevaux alezans, noirs ou palominos, sans oublier les Isabelles et les Cremellos.
Caractère du Lusitanien
Un cheval courageux et obéissant
Le Lusitanien est un cheval plein d’entrain et aux nerfs solides, également connu pour son caractère fougueux.
Il se distingue tout particulièrement par son courage, son agilité et son obéissance. Ce dernier trait de caractère explique aussi son utilisation dans les arènes en tant que cheval de corrida, là où la désobéissance pourrait être dangereuse, voire fatale, à la fois pour le cheval et son cavalier.
Un cheval sensible et docile avec un cavalier expérimenté
On le considère comme facile sous la selle et agréable à conduire. A une nuance près, car ces chevaux portugais sensibles et fougueux ont besoin d'un cavalier expérimenté qui saura les contrôler et les tenir. Alors cet élégant portugais deviendra un partenaire merveilleux et docile de surcroît.
Les amateurs de chevaux apprécient sa volonté de performance, son envie de se dépasser, mais aussi et surtout sa sensibilité et son caractère particulier.
Fiable, amical et polyvalent
Deux caractéristiques font du Lusitanien un partenaire idéal en cheval de loisirs : il est très fiable et aime particulièrement le contact avec l’humain.
C’est un cheval très polyvalent, mais aussi exigeant. On décrit d’ailleurs souvent le Lusitanien en disant “qu’il donne tout pour son cavalier". En de bonnes mains, le Lusitanien est un cheval fantastique.
Origine de la race lusitanienne
Réputé comme étant le plus vieux cheval de selle au monde
Le Lusitanien tire son nom de la Lusitanie, terme que les Romains utilisaient pour décrire le territoire délimitant le Portugal actuel. Étroitement lié aux races berbères et andalouses, le Lusitanien est considéré comme le plus vieux cheval de selle du monde. Dans l'Antiquité, il était déjà très recherché comme cheval de guerre. Les Lusitaniens peuvent rappeler les chevaux espagnols ainsi que les chevaux Sorraia (le Sorraia fait partie des plus vieux chevaux du monde ; des gravures rupestres lui ressemblant ont été trouvées dans des grottes préhistoriques), mais des recherches génétiques récentes montrent qu’en fait le Lusitanien et le Barbe (race chevaline originaire d’Afrique du Nord) sont très proches, et qu’ils se sont influencés mutuellement.
Un stud-book distinct depuis 1967 pour le Lusitanien
En 1912 a été créé un stud-book commun (registre généalogique qui recense les reproducteurs et poulains, et définit les critères d’une race) pour les races de chevaux portugaises et espagnoles ; en 1967, elles ont été officiellement séparées en deux stud-books distincts : un pour le "Pura Raza Española", l’Andalou, et un autre pour le "Puro Sangue Lusitano", le Lusitanien. Un registre d'élevage des Lusitaniens est alors né.
Ces deux races disposent du même bagage génétique, leur zone de reproduction s’étant chevauchée pendant des siècles. Néanmoins, elles se différencient par certaines caractéristiques (décrites dans le paragraphe sur le l’acronyme PSL du Pur-Sang Lusitanien).
L’élevage des chevaux portugais et espagnols au cours du temps
À partir du XVIIIème siècle, les chevaux espagnols se sont de plus en plus différenciés des chevaux portugais. La sélection retenue dans l’élevage espagnol a ainsi permis d'obtenir des chevaux à l’allure plus haute et avec moins d’amplitude, alors que les éleveurs de Lusitaniens ont continué à les élever dans leur forme traditionnelle et à les orienter vers un type de cheval aux nerfs solides et au caractère bien trempé destiné à la tauromachie et au travail pour le gardiennage du bétail.
Le Pur-Sang Lusitanien est donc resté quasiment identique dans son apparence à ce qu’il était auparavant. Aujourd'hui, il y a environ 10 000 Lusitaniens de race pure enregistrés dans le monde. La pureté et la qualité restent les objectifs prioritaires des éleveurs.
Usages du pur-sang lusitanien
Un cheval polyvalent : dressage, saut ou attelage
Agile, avec des nerfs solides et une vraie force de caractère, le Lusitanien est un cheval de loisir idéal. Aujourd'hui encore, un des buts majeurs de l’élevage des chevaux portugais est la corrida à cheval, discipline qui nécessite des chevaux à la fois courageux et rapides. Son talent indéniable pour le “rassembler” lui est très utile en tauromachie, mais lui sert également dans les tâches de dressage : avec l'Andalou et le Lipizzan, le Lusitanien est l'une des rares races à pouvoir relever le challenge que représente le dressage de Haute École. Le Lusitanien s'est depuis longtemps imposé dans les compétitions sportives et s’est illustré en obtenant de nombreux classements et victoires, nationales et internationales, dans différentes disciplines comme le dressage, le saut et l’attelage.
Un potentiel particulier pour l’équitation de travail
Son “rassembler” en fait aussi un expert désigné en working equitation, l'équitation de travail : avec son agilité, sa vitesse, son courage, son obéissance et son intelligence, il possède tous les ingrédients d’un futur champion.
Qu’est-ce que la working equitation ?
Cette discipline s'est développée en se basant sur l'équitation de travail des éleveurs de bétail : il s'agit en quelque sorte d'un résumé des anciennes méthodes de travail européennes qui associaient l’utilisation traditionnelle du cheval dans la conduite du bétail. C'est également là que se trouvent les origines de l'équitation western occidentale. D’ailleurs la Doma Vaquera (discipline d’équitation qui tire son origine du travail des vaqueros andalous) en fait aussi partie et représente une forme spécifique de working equitation.
Les épreuves en équitation de travail
L'équitation de travail comprend 4 épreuves distinctes : une épreuve de dressage, une de maniabilité (sur un parcours avec différents obstacles), une épreuve de rapidité (le cheval doit réaliser le plus rapidement possible le parcours de maniabilité). La dernière épreuve est celle du tri du bétail : il s’agit d’une épreuve d’équitation western qui consiste à séparer des bovins désignés de leur troupeau. Toutes ces épreuves doivent être effectuées à une main.
Résultats et objectifs
Il faut savoir que les Portugais sont des pionniers dans ces disciplines avec leurs pur-sangs lusitaniens. Toutefois, l'équitation de travail ne consiste pas seulement à gagner et à terminer les compétitions, mais sert aussi à favoriser la coopération entre le cheval et son cavalier, et à mener à bien des défis communs. Néanmoins, qu’il soit destiné à devenir un compétiteur en équitation de travail ou un cheval de loisir, le Lusitanien aura toujours besoin d'un cavalier à la hauteur de sa sensibilité et de son intelligence.
Alimentation : que savoir sur ces chevaux portugais ?
Un cheval qui s’est adapté à son milieu
Dans la péninsule ibérique, le Lusitanien a vécu pendant des milliers d’années avec un régime alimentaire pauvre en protéine. Celui-ci était basé sur des fourrages secs et un peu de céréales, adapté aux conditions climatiques de la région. La sélection naturelle s’est déroulée sur des milliers d'années, et le cheval a dû s'adapter d'un point de vue physiologique à ses conditions de vie et à l’alimentation disponible.
Attention aux régimes alimentaires riches en énergie !
Par ailleurs, cette ancienne race ibérique a une tendance naturelle à l'insulinorésistance périphérique. Celle-ci peut d’ailleurs être responsable de pathologies graves comme la fourbure. Du fait de la sélection naturelle relative au développement de la race, les Lusitaniens, qui marchaient sur de longues distances à la recherche de nourriture, sont habitués à un régime alimentaire faible en énergie. Ainsi, attention aux régimes alimentaires trop riches en énergie : ne leur donnez pas d’aliments concentrés en quantité excessive, car même si la digestibilité de l’amidon contenu est désormais meilleure, il faut rester prudent avec un animal aussi sensible que le Lusitanien.
Entretien et soins du Lusitano
Le Lusitanien est un cheval qui possède beaucoup d'énergie, sachez-le. Veillez donc à ne pas le laisser sans activité dans son box : au contraire, il a besoin d’un entraînement régulier et d’aller au paddock tous les jours pour y faire de l’exercice. Pour maîtriser les frais d'entretien mensuels, il est également tout à fait possible de garder un Lusitanien à l'année dans une écurie ouverte.
Brossez régulièrement sa crinière et sa queue pour enlever la saleté et les garder bien épaisses et en bon état. Vérifiez également régulièrement sa peau afin d’y détecter d’éventuelles aspérités, en particulier vers la bouche et les alentours de la queue où le le poil est très fin.
Maladies inhérentes à la race
Comme la plupart des Lusitaniens sont gris, ils ont tendance à développer des mélanomes. Le mélanome est un problème chez tous les chevaux à robe claire, leur peau n'étant pas pigmentée. Les mélanomes se forment plus particulièrement dans les zones où le poil est fin, dans les environs de la bouche ou de la queue par exemple.
Hormis ce point, le Lusitanien est un cheval généralement renommé pour sa bonne santé et son absence de maladies génétiques récurrentes. Ceci s’explique par le pool génétique étendu dont a disposé la race au fil du temps, les chevaux ayant été disséminés dans une large zone allant de la péninsule ibérique à l’Afrique du Nord.
Faits intéressants sur le Lusitanien
Le diminutif PSL utilisé pour le Pur Sang Lusitanien
Avez-vous déjà entendu l’acronyme PSL en parlant d’un cheval, et vous êtes-vous demandé ce qu'il signifiait ? PSL signifie Pure Sang Lusitanien, que l’on retrouve également en portugais dans son pays d'origine, sous la forme Puro Sangue Lusitano.
En Espagne, leurs chers voisins Andalous ont maintenant adopté la terminologie officielle PRE, qui signifie Pure Race Espagnole (Pura Raza Espanola). Les Portugais quant à eux ont aussi changé le nom des Lusitaniens en PSL pour les différencier des PRE dont ils sont pourtant si proches, et avec qui ils ont partagé le même nom d’Andalou pendant des années. L’Andalou a un profil de tête plus droit et une allure empreinte de grâce et l'élégance, ce qui est particulièrement important en dressage ; tandis que le Lusitanien possède lui une tête et un corps un peu plus ronds, et est connu pour sa vitesse et ses propriétés athlétiques (nécessaires dans les arènes).
Deux familles portugaises particulièrement réputées pour l’élevage
Dans le monde des Lusitaniens, il existe deux familles portugaises bien connues, les Viega et les Andrade, qui élèvent des Lusitanos depuis de nombreuses années.
Veiga
La lignée Veiga est nommée d'après le nom de l’éleveur Manuel Travares Veiga. Ses chevaux sont petits -taille au garrot comprise entre 150 et 155 cm- et compacts. Leur profil est particulièrement adapté pour la tauromachie, avec la fameuse tête Veiga, et la sélection est axée sur les capacités fonctionnelles. Mais cette lignée de chevaux portugais peut aussi aller jusqu’à la Haute École. Un point à noter : ils sont plus difficiles à conduire.
Son fondateur les décrivait de la façon suivante : “Nerveux, élégants, arrogants, si obéissants qu’ils anticipent les intentions du bon cavalier. Une tête fine, haute, une longue crinière qui flotte librement, des airs élevés et une agilité saisissante pour défier tous les dangers avec un courage indomptable”.
Andrade
La lignée des Andrades, nommée d'après le Dr Ruy d'Andrade, est caractérisée par des chevaux de selle plus grands -155 cm à 165 cm de taille au garrot- et plus élégants. Ils sont ainsi particulièrement adaptés au dressage, et pour recevoir une formation de Haute École. Son fondateur les décrivait ainsi : “Ce sont des chevaux ramassés, forts, courageux face au taureau, capable de passer du calme le plus grand à une audace folle dès que sollicités, tout en restant d’une totale obéissance. Très rapides au galop avec un bon pas et sensible à la moindre sollicitation de l’éperon ou à la bouche, avec une force inépuisable en toutes choses.”
La foire nationale du cheval à Galega
Mais si vous voulez voir en chair et en os de nombreux lusitaniens, allez à la Feira Nacional do Cavalo à Golegã, au Portugal. Connue jusqu’en 1972 sous le nom de "Feira de São Martinho", cette foire nationale du cheval est désormais mondialement connue et existe depuis plus de 400 ans... Elle a lieu tous les ans, en novembre, et se déroule la semaine qui inclut le 11 novembre, la Saint Martin (ou São Martinho en portugais). Vous pourrez alors y assister à de nombreuses compétitions : attelage, horseball, saut d'obstacle, dressage, équitation de travail, ou encore à des concours d’allures ou de modèles, et à des spectacles équestres nocturnes. Vous y trouverez également un traditionnel marché aux chevaux, où les éleveurs présentent le fruit de leur travail, à savoir leurs plus beaux pur-sang lusitaniens. Et vous serez bien sûr charmé par le défilé quotidien des cavaliers anonymes paradant fièrement sur leur monture.
