Depuis peu, votre cheval se met à trembler de manière inexplicable ? Il est peut-être atteint de Shivering, trouble que l’on connaît également sous le nom de “maladie du tremblement”. Cette affection neuromusculaire représente un enjeu de taille pour les chevaux et les êtres humains qui les accompagnent. Il reste encore beaucoup de points non résolus concernant cette maladie, mais l’on suppose aujourd’hui qu’elle ne cause pas de douleur aux chevaux. C’est déjà ça, me direz-vous… Alors qu’est-ce que le Shivering, quelles en sont les causes, les symptômes, et que faire si votre cheval en est atteint ? Nous vous expliquons tout ce qu’il faut savoir sur cette maladie équine dans la suite de cet article.


Comment reconnaître le Shivering ?

Qu’est-ce que le Shivering ?

Shivering vient de l’anglais et signifie frissons ou tremblements. En français, la maladie est aussi désignée sous le nom de “maladie des tremblements” ou de "syndrome du trembleur”, mais l’appellation la plus répandue reste le terme “Shivering”. Des cas sont recensés en France et dans le monde ; il s’agit d’une maladie qui n’est pas des plus récentes car l’on retrouve des publications du XIXè siècle qui y font allusion et en décrivent déjà les signes. Toutefois, cette maladie encore méconnue reste mystérieuse pour les chercheurs et le monde scientifique.

Les symptômes et leur localisation

Dans cette maladie présumée indolore pour le cheval, les symptômes observables sont, pour l'essentiel, des mouvements musculaires involontaires des membres postérieurs et de la queue. Les membres antérieurs sont quant à eux rarement touchés. Dans certains cas, l’encolure et le visage du cheval peuvent aussi être atteints : des tressaillements des paupières, des muscles des oreilles, des joues ou des lèvres sont alors observés, mais ces atteintes de la face restent toutefois extrêmement rares.

Conjointement aux autres symptômes décrits, on observe souvent une élévation de la queue, dont l’amplitude varie en fonction des cas.

Les degrés d’atteinte au Shivering

Il existe différents degrés d’intensité du shivering : dans les cas les plus légers, vous ne constaterez peut-être que de ténus tremblements au niveau d’un postérieur (ou des deux) et verrez votre cheval piétiner ou fouailler de la queue. Dans les cas plus sévères, vous pourrez voir un soulèvement spasmodique de la jambe : le cheval lève brusquement et en tremblant son postérieur, puis laisse le sabot en l’air en hyperflexion et abduction, pendant une période de temps allant de quelques secondes à plus d’une minute, pour finalement le reposer lentement une fois que le spasme sera passé. De ce fait, la maladie est souvent confondue avec d’autres troubles tels que Harper ou la maladie du motoneurone par exemple. 

Par la suite, en cas d’atteinte des postérieurs, des complications des symptômes peuvent suivre, classiquement avec une amyotrophie progressive de l’arrière-main qui entraînera ainsi une faiblesse des postérieurs, une perte musculaire, voire des performances réduites.

Apparition dans des conditions spécifiques

Les symptômes sont facilement repérables car ils apparaissent généralement dans des conditions bien spécifiques : pendant le reculer, au cours de virages serrés, en sortie de remorque ou du box, ou encore lors de situations stressantes pour le cheval comme le curage ou le ferrage de ses sabots (situations dans lesquelles le cheval doit rester debout pendant un certain temps sur trois de ses membres seulement).


Origine et évolution de la maladie, profil des chevaux atteints 

Quelles sont les causes du Shivering ?

À ce jour, la cause du Shivering n’est pas encore connue. Il existe une multitude de facteurs divers qui pourraient avoir un impact tels que des problèmes musculaires, neurologiques ou neuromusculaires, des troubles hormonaux ou une prédisposition génétique… Néanmoins, l’hypothèse d’une lésion nerveuse paraît de nos jours la plus probable pour expliquer le Shivering.

Évolution de la maladie

Malheureusement, il n’est pas possible de faire un pronostic quant à l’évolution de la maladie qui peut rester à un niveau léger, ou au contraire progresser rapidement en induisant un handicap lourd chez votre cheval. Heureusement, bien que les symptômes soient d’intensité variable, ils se stabilisent dans la grande majorité des cas à un certain stade, laissant au cheval la possibilité d’être monté et d’avoir une vie quasi normale.

En revanche, les chevaux chez qui les symptômes sont trop importants doivent être mis à la retraite, car à partir d’un certain degré d’atteinte il ne sera plus possible de les monter.

Quels chevaux sont atteints par le Shivering ?

De manière globale, cette affection idiopathique peut toucher tous les chevaux, quels que soient leur race ou leur sexe. Néanmoins, l’observation montre que les hongres et les étalons sont plus touchés que les juments. De plus, il semble que les chevaux de trait, lourds et de sang-froid, ainsi que les chevaux de grande taille (avec une taille au garrot de 175 cm au moins) sont plus souvent atteints que les chevaux de petite taille. Ainsi les poneys sont très peu sujets au Shivering ; leur taille modeste pourrait en être la cause.

En outre, le “syndrome du trembleur” commence généralement à se manifester quand le cheval a entre 4 et 7 ans.


Que faire en cas de Shivering ?

Malheureusement, il n’existe pas, à ce jour, de traitement médical qui permette une rémission de la maladie. Mais il existe différentes recommandations pour soulager le cheval.

Offrir un lieu de vie adapté avec possibilités de mouvement

La première concerne le lieu de vie du cheval. Celui-ci doit pouvoir lui offrir la possibilité de bouger et de se déplacer autant que possible, et d’éviter de rester trop immobile. En effet, les symptômes d’un cheval atteint de Shivering viennent à empirer dans le cas d’une vie trop sédentaire. La vie au box est donc à proscrire. Il faudra, au contraire, lui donner l’opportunité d’aller régulièrement au paddock : idéalement des sorties longues et quotidiennes. Évitez pour ce faire de l'emmener sur un terrain en pente qui n’est pas adapté.

Vous pouvez également choisir de faire vivre votre cheval au pré, avec un ou des copains (compagnon équidé ou un autre animal avec qui il s’entend bien) de manière à favoriser et encourager ses déplacements et mouvements sur la parcelle.

cheval accompagné de plusieurs compagnons qui regarde dans notre direction
un cheval au pré avec des copains est un cheval heureux !

Éviter le froid et les situations stressantes

Le froid est un facteur aggravant, ainsi il va falloir faire en sorte de le protéger des températures trop rudes : en hiver, couvrez votre cheval lors des sorties et mettez-le à l’abri quelques jours en période de grand froid, en attendant que la météo devienne plus clémente. Évitez aussi les douches froides, en particulier sur les zones touchées.

Par ailleurs, les situations stressantes sont à éviter autant que possible. Les transports sur de longues distances ont tendance à aggraver les symptômes : réduisez-les autant que possible et privilégiez des moyens de transport confortables.

Enfin, il est recommandé de déferrer votre cheval, tout au moins du sabot de la jambe touchée car en le laissant pied-nu, vous limitez le stress dû au ferrage. S’il est trop sensible, vous pouvez toujours opter pour une hipposandale par exemple. De façon générale, il peut aussi être utile de lui administrer un tranquillisant si les spasmes sont trop forts, de façon à ce que le parage ou le ferrage se déroulent sans accroc.

cheval en hiver en extérieur sous la neige
N’oubliez pas de lui mettre une couverture en hiver .

Privilégier l’entraînement, l’ostéopathie ou le shiatsu équin

De plus, l’entraînement est bénéfique pour le cheval : avec des muscles qui reçoivent un exercice régulier, il vivra mieux sa maladie. A l’inverse, il ne s’agit pas de lui faire endurer un travail trop intensif, qui pourrait provoquer une aggravation des symptômes et une évolution plus rapide de la maladie. Privilégiez donc un travail d’entretien modéré : le travail au sol, par exemple, est tout à fait indiqué pour renforcer sa masse musculaire.

En complément, vous pouvez aussi lui offrir des séances régulières d’ostéopathie ou de shiatsu équin afin de le soulager en détendant sa musculature. Cela ne guérira pas la maladie mais certains retours évoquent un soutien positif pour l’animal. Et évidemment, ne le réprimandez pas s’il ne donne pas correctement le pied !

Fournir une alimentation appropriée

Du point de vue nutritionnel, il est désormais connu qu’un régime alimentaire riche en graisses et pauvre en glucides joue un rôle favorable dans la maladie musculaire PPSM (myopathie à stockage de polysaccharide), mais aussi chez les chevaux atteints de Shivering.

De même, il faut éviter (ou fortement réduire) toute nourriture à teneur élevée en amidon, ce qui signifie de ne lui donner des aliments concentrés que s’ils sont pauvres en céréales et avec un taux d’amidon faible. Pour compenser, donnez-lui, comme source d'énergie alternative, des aliments riches en graisses et en fibres. Jusqu’à 15% de l’énergie quotidienne peut être fournie sous forme de graisse : utilisez à cet effet de bonnes graisses comme de l’huile de lin (pure). Globalement, votre cheval a besoin d’une nourriture équilibrée, riche en vitamines, minéraux et oligo-éléments. En complément d’un foin de qualité, nécessaire mais ne contenant pas assez d’oligo-éléments pour couvrir ses besoins quotidiens, offrez-lui un aliment minéral qualitatif. Et pour protéger ses tissus musculaires, vous pouvez lui adjoindre des compléments alimentaires riches en antioxydants. Les chevaux atteints de Shivering pourraient particulièrement bénéficier d’un apport élevé en sélénium, vitamine B12, vitamine E, manganèse et magnésium dans leur alimentation.


Conclusion

Cette maladie des tremblements ne doit pas être sous-estimée : il faut en premier lieu savoir la reconnaître et en comprendre les fondamentaux. Ainsi, on pourra bien comprendre la mécanique de ce trouble anxiogène pour le cheval et source d’angoisse pour son propriétaire, et agir en conséquence...

Même si on ne sait pas encore guérir un cheval atteint de Shivering, en limitant les facteurs aggravants, en faisant attention à son cadre de vie, à la quantité et variété d’exercices, à la qualité des soins et de son alimentation, le cheval touché par cette affection neuromusculaire pourra dans la majorité des cas mener une vie d’équidé normale, et même être utilisé comme cheval de selle !