Tout propriétaire de chevaux le sait, et chaque année, n’y échappe pas : il doit s’occuper de la vermifugation de son cheval. Ce qui, pendant longtemps, se réglait en donnant des vermifuges quatre fois par an, est devenu un thème complexe, pour lequel chacun a son opinion. Pourquoi vermifuger un cheval ? Quels sont les parasites chez le cheval ? Quels sont les signes d’une infestation par des vers, et quand le vermifuger ? À quelle fréquence ? Nous verrons les deux méthodes principales de vermifugation, et détaillerons en particulier la vermifugation raisonnée, alternative intéressante à la vermifugation systématique. Et pour finir; nous donnerons quelques mesures générales de prévention des parasites.

Pourquoi vermifuger un cheval ?

Une vermifugation régulière vise deux objectifs majeurs : tout d’abord, maintenir les chevaux en bonne santé et, idéalement, exempts de parasites, ou aussi peu contaminés que possible pour être plus réaliste. Le second objectif consiste à limiter au maximum la contamination de l’environnement et le risque lié d’infestation, ou de réínfestation, par des parasites. Car malheureusement, un cheval contaminé libère des oeufs dans ses matières fécales au sein de l’environnement. En se développant, ces oeufs deviendront des larves, puis des vers adultes et matures, prêts à contaminer un autre animal, ou le même cheval, et contribuer ainsi au cycle infernal du parasitisme.

 

 

 


Quels sont les parasites chez le cheval ?

De très nombreux parasites peuvent contaminer le cheval.

Trois groupes de parasites

On les répartit en trois groupes distincts:

  • les nématodes ou vers ronds : généralement allongés, en forme de fil, avec un corps circulaire. On trouve dans cette catégorie les petits strongles (ou cyathostomes), les grands strongles, les ascaris, les oxyures et les strongyloides
  • les cestodes ou vers plats : caractérisés par un corps aplati, en segments et qui ressemble à un ruban. On peut citer les ténias en particulier qui contaminent régulièrement les chevaux
  • les larves de gastérophiles : ce ne sont pas des larves de vers mais d’insectes. Il s’agit d’une mouche qui pond ses oeufs sur le pelage du cheval, et dont les larves se développent dans l’estomac du cheval, causant des coliques et une forte perte de poids.


Comment savoir si mon cheval a des vers ?

Si un cheval souffre d'une infestation parasitaire importante, il y a certains signes que l’on peut noter dans son apparence physique.

Les signes classiques d’infestation

Les signes:

  • le pelage est généralement très hirsute, les poils se détachent, sont ternes et ne brillent plus
  • présence d’une altération de l’état général, d’un amaigrissement du fait de troubles de transformations de la nourriture
  • les poils de la queue se cassent et vont dans toutes les directions, car les parasites provoquent souvent des démangeaisons de la région anale. C’est particulièrement fréquent dans le cas d'une infestation par l'oxyure : ces vers ressemblant à de longs fils blancs (visibles) se déplacent jusqu’au bord de l'anus du cheval et y pondent leurs oeufs
  • perte significative de poids chez le cheval fortement parasité malgré des rations conséquentes

De plus, le cheval montre une apathie générale et des performances en baisse. Selon la gravité de l'infestation et le type de parasite, une infection par des vers intestinaux peut même entraîner des coliques, une perforation intestinale ou une occlusion intestinale (potentiellement mortelle). Ne négligez pas les vers intestinaux : à la fois pour protéger votre cheval contre les conséquences d’une contamination (parfois graves), et aussi pour le maintenir en forme pendant toute la saison de pâturage.

Peut-on voir les vers à l’oeil nu ?

Certains propriétaires font parfois un raccourci rapide pensant que s’ils ne voient pas de vers dans les excréments de leur cheval, c’est qu’il n’en a pas ! Malheureusement, ce n'est pas aussi simple que cela. Certes, les parasites se reproduisent bien dans son organisme et leurs œufs se retrouvent dans les excréments du cheval. Mais parfois, ils sont si petits qu’il n’est pas possible de les voir à l'œil nu. En effet à partir des œufs présents dans les crottins, les larves vont éclore, puis passer par différents stades de développement. Au final, elles seront ingérées, soit directement en broutant l’herbe (ou le foin), soit par un hôte intermédiaire (par exemple un acarien). De cette façon se perpétue le cycle infernal de reproduction et recontamination des parasites.

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Quand vermifuger son cheval ?

Vermifugation du cheval : combien de fois par an ?

Il est recommandé de vermifuger un cheval adulte entre deux et quatre fois par an.

A quel moment de l’année vermifuger son cheval ?

Deux dates ont une importance particulière dans le protocole de vermifugation : la première se situe au printemps, au début de la saison de pâturage, et la seconde en automne, à la fermeture des paddocks. Les pâturages étant la source d'infection la plus courante, il est recommandé de vermifuger également pendant la saison de pâture. Et pour contrôler au mieux les trois groupes de parasites, il est conseillé de répartir ses efforts en se concentrant au printemps sur les vers ronds, en été sur les vers ronds ainsi que les ténias, à la fin de l'été de nouveau sur les vers ronds, et finalement, après la saison de pâture, sur les vers ronds, les ténias et sur les larves de gastérophiles.

Quel vermifuge, à quelle saison ?

Les substances actives diffèrent suivant les parasites qu’on souhaite traiter.
Au printemps, en avril-mai : traitement contre les vers ronds (petits et grands strongles, ascaris, et Strongyloides).
En été, en juin-juillet-août : même traitement qu’au printemps contre les vers ronds, mais avec en plus un traitement contre les ténias.
Au début de l'automne, en septembre-octobre : traitement des vers ronds et des Ténias comme en été.
En automne-hiver : traitement des vers ronds, des Ténias et des larves de gastérophiles.
Pour la dernière vermifugation de l’année en automne-hiver, il faut tenir compte des conditions météorologiques. En effet, si l'été a été chaud et sec, il faudra décaler cette vermifugation, et l’effectuer en octobre ou novembre. En revanche, si l'été a été pluvieux et l'automne sec, elle peut avoir lieu au début du mois de décembre.

Cas particuliers : la jument gestante et le poulain

Les poulinières

Pendant la gestation, les juments peuvent être vermifugées avec de la Moxidectine. Chez les poulinières, il faut traiter immédiatement après le poulinage, les larves de strongyloides (vers ronds minuscules qui passent à travers le lait de la tétée) à la Moxidectine. On réduira ce faisant le risque d’infestation chez les poulains. Ensuite, les poulinières devront être traitées à intervalles de 8 semaines environ jusqu'au sevrage du poulain.

Poulains et jeunes chevaux

La première vermifugation des poulains doit être effectuée à l'âge d'environ 2 semaines avec du Fenbendazole. En outre, un traitement au Pyrantel pour combattre les ascaris est recommandé à partir de la huitième semaine. Par la suite, il est conseillé de prendre d'autres mesures de traitement à intervalles de 6 semaines pour le protéger pendant son développement. A partir du 4ème - 8ème mois de vie, l’usage de Moxidectine pour lutter contre les petits strongles est possible.


Comment vermifuger son cheval ?

Les experts en matière de parasitisme pour chevaux recommandent aujourd'hui deux approches distinctes pour vermifuger son animal : la "vermifugation systématique", et la "vermifugation raisonnée".

La vermifugation systématique, la méthode classique

Lors d'une vermifugation systématique, tous les chevaux d'une structure sont vermifugés en groupe, régulièrement, à des dates déterminées et planifiées à l’avance. Il convient alors d’être attentif aux familles de parasites à traiter en fonction des saisons, et il faudra donc administrer différentes substances actives à différents moments de l’année.

Points faible de la vermifugation systématique

Éprouvant pour le corps du cheval, mais sans vraiment savoir s’il y a contamination
Un tel traitement vermifuge est fatigant pour le corps du cheval : on impose à son organisme des produits chimiques puissants. D’autant plus que vous ne savez pas, en réalité, si votre cheval est contaminé ou non, et si tel est le cas, par quels types de vers précis. C'est un peu comme si vous deviez deviner quels vers ou autres parasites infestent votre cheval.
La répétition des traitements entraîne une résistance aux principes actifs des vermifuges
Il n’existe qu’un nombre limité de groupes de substances actives disponibles sur le marché. Ceci signifie que les parasites sont confrontés aux mêmes principes actifs à intervalles réguliers, et qu’ils y deviennent donc résistants. C’est pour cette raison que de plus en plus de vétérinaires et spécialistes privilégient la vermifugation raisonnée, la deuxième voie.


La vermifugation raisonnée : l’autre méthode

D’où est venu l’intérêt porté à cette méthode ?

Dernièrement, des chercheurs ont constaté que les vers sont de plus en plus résistants aux vermifuges. Ce n’est pas nouveau : il y a toujours eu une minorité de vers isolés résistants aux principes actifs des vermifuges, d’autant plus que le nombre de molécules est limité. Or plus on tue les vers sensibles aux traitements (donc non résistants), plus les vers résistants vont pouvoir se multiplier. À long terme, il est donc important pour la santé des équidés qu'un nombre suffisant de vers sensibles au traitement survivent… Si on parvenait à tous les tuer en poursuivant des vermifugations systématiques, il ne resterait plus que des vers résistants, et alors les médicaments ne serviraient plus à grand chose...

Une alternative à la vermifugation systématique

On commence par une phase test pour identifier les chevaux infestés

Il a fallu trouver une alternative à la vermifugation classique, dans laquelle on traite tous les chevaux d'une structure en même temps et avec le même vermifuge. Appelée “vermifugation raisonnée”, cette nouvelle approche vise à ne traiter que les chevaux pour lesquels il a été détecté une contamination parasitaire grâce à un examen antérieur. Cette méthode prend en compte tous les endoparasites du cheval, quels qu’ils soient: les strongles petits et grands, les ascaris, les cestodes, les vers filiformes intestinaux, les oxyures et larves de la mouche varron.

Après la coproscopie, on ne vermifuge que les forts excréteurs d’oeufs

Grâce à une coproscopie (analyse permettant le comptage et l’observation des oeufs des parasites), on va pouvoir mesurer la quantité d’œufs dans un échantillon de crottin. De cette façon, il sera possible d’identifier les chevaux "forts excréteurs” (pour les strongles, plus de 200 œufs par gramme) et les distinguer des “faibles excréteurs” (moins de 200 oeufs par gramme). Il faut savoir que les “forts excréteurs” ne représentent que 20% des chevaux adultes, mais qu’ils sont pourtant responsables de 80% de la contamination de l’environnement. Ainsi, à long terme, la vermifugation raisonnée permettra une réduction globale de la contamination de l’environnement par les vers et leurs larves.

Une vermifugation tous les combien ?

Au cours de la première année, les échantillons de crottin seront prélevés dans un premier temps tous les 42 à 60 jours, puis tous les 90 jours environ. Les "forts excréteurs” d’oeufs seront traités avec un traitement vermifuge adéquat prescrit par le vétérinaire qui vérifiera dans un deuxième temps le succès du traitement au moyen d'un test de réduction du nombre d'œufs fécaux. Si besoin, le traitement sera poursuivi. Pour les autres parasites que les strongles, il s’agira aussi de vermifuger dès que le résultat d’une analyse est positif ! En revanche, pour le ténia, il suffit qu’un seul cheval soit testé positif, et il faudra traiter l'ensemble du troupeau.


Points faibles de la vermifugation raisonnée

Cette méthode est intéressante, et ses résultats sont bons, mais elle a aussi certains inconvénients, qu’il est bon de connaître.

Les oeufs ne sont pas uniformes dans les crottins

Les œufs de vers ne sont pas répartis uniformément dans les crottins. Il peut donc arriver que l’échantillon prélevé en contienne beaucoup, ou à l’inverse très peu. Dans ce cas, le résultat du test ne reflètera pas la réalité de l’infestation du cheval. De plus, il n’est pas certain que les œufs des vers soient excrétés en continu.

On ne retrouve pas les oeufs de certains parasites dans le crottin

Tous les vers ne sont pas les mêmes, certains migrent à l’intérieur de l’organisme du cheval : au travers de la muqueuse intestinale, par le sang et la lymphe jusqu’au cœur, dans les poumons ou même le foie. Les organes sont parfois gravement affectés. Les vers matures sexuellement se fixent alors souvent dans la muqueuse du gros intestin ou de l’intestin grêle et y pondent des œufs qui se retrouveront dans les excréments du cheval.

Cas des Ténias et des oxyures

Le Ténia et les oxyures sont quelque peu différents. Le Ténia se fixe dans la muqueuse de l'intestin grêle et libère un morceau de son corps dans lequel il y a des œufs. Les oxyures femelles quant à elles migrent vers l'anus, et pondent des œufs autour de l'anus. Ces deux vers ne pondent pas leurs œufs directement dans les excréments du cheval, et seront donc difficiles à détecter par une coproscopie...

Les tests pour ces 2 espèces de parasites

Les œufs d’oxyures peuvent être détectés avec un scotch-test : le vétérinaire appliquera un scotch transparent sur l'anus de votre animal où se colleront les oeufs en cas de contamination, puis recherchera leur présence au microscope.
Le ténia est plus difficile à détecter, car les tests (coproscopie, ainsi que le test ELISA effectué sur un échantillon de salive ou par l’intermédiaire d’une prise de sang) ne sont pas totalement fiables. La coproscopie ne permet que de repérer les très fortes infestations, et le test ELISA donne beaucoup de faux positifs.

Des chevaux hautement parasités peuvent ne pas excréter beaucoup d’oeufs

Il peut arriver que chez des chevaux très contaminés par des parasites, on ne retrouve dans leur crottins qu’une faible quantité d’oeufs. Dans ce cas, ils ne recevraient pas de traitement dans le cadre d’une vermifugation raisonnée, et cela pourrait être dangereux pour leur santé. Néanmoins la majorité des vétérinaires pensent que ce risque reste limité.
Par ailleurs, rappelons qu’une infestation légère peut même être considérée comme positive pour la santé du cheval, en ce qu’elle stimule son système immunitaire. Néanmoins, il faut absolument administrer un vermifuge au cheval si les valeurs du test dépassent la valeur seuil (en lui donnant un médicament prescrit par un vétérinaire, et non des herbes).


Prévention du parasitage

Après la vermifugation : quelques mesures à respecter

Après que le cheval ait reçu son vermifuge, selon le principe actif utilisé, vous interdirez pendant deux à trois jours l’accès au paddock, car il va excréter massivement pendant ce laps de temps des vers, larves et œufs dans ses crottins. Ensuite, videz complètement tous les boxes, et nettoyez-les. Il faudra aussi assainir les pâturages (retirer et se débarrasser des crottins) avant de pouvoir reprendre la pâture.

Règles d’hygiène en lien avec la contamination par les ascaris

L'hygiène dans les pâturages et dans les écuries est particulièrement importante pour prévenir autant que possible une infestation par les ascaris. Cela signifie concrètement un nettoyage quotidien dans l’écurie et, en cas de contamination par les ascaris, d’éliminer le fumier. C'est important car leurs œufs peuvent survivre longtemps.
Il ne faudra pas alors que les chevaux mangent le foin directement au sol, mais depuis un râtelier ou des filets à foin, au moins pendant une période transitoire. Il faudra également désinfecter leurs boxes au moins une fois par an avec un produit désinfectant agréé, et nettoyer régulièrement les murs et l'abreuvoir.
Enlevez soigneusement les crottins des zones de pacage, en les ramassant au moins deux fois par semaine. Puis vous pourrez également utiliser du cyanamide calcique pour fertiliser le sol au printemps.